C’est l’analyse de 253 cauchemars ou mauvais rêves que nous présentent ces chercheurs de l’Université de Montréal dans la dernière édition de la revue Sleep. Agressions physiques, menaces, conflits interpersonnels, quels que soit leur contenus, cauchemars ou mauvais rêves font partie des parasomnies, une catégorie à part entière de troubles du sommeil. Cette étude permet de faire un état des lieux des connaissances et de rappeler aux 6-7% de la population qui en souffrent, que les cauchemars, ça se soigne aussi.
Le cauchemar conduit le dormeur au réveil. C'est en cela qu'il est un trouble du sommeil et le plus souvent du sommeil paradoxal. Les cauchemars sont dûment référencés dans la famille des « parasomnies » dans le Manuel diagnostique des troubles mentaux (DSM). Les personnes qui ont des cauchemars fréquents donc des réveils fréquents peuvent souffrir d'insomnie et de somnolence diurne. Des thérapies existent, comme certaines techniques de visualisation et d'imagerie mentale qui permettent à la personne de corriger un scenario récurrent de cauchemar. Plusieurs hypothèses expliquent le rêve et le mauvais rêve, comme un processus de libération des soucis du quotidien ou encore un dérèglement du système nerveux. La plupart des rêveurs oublient aussitôt le contenu de leurs rêves mais certains s'en souviennent plus facilement.
Le professeur Zadra, de l'UdM, qui travaille depuis 20 ans sur les troubles du sommeil et le somnanbulisme, a analysé, avec son équipe, à partir des récits de 572 bénévoles qui tenaient un journal des rêves pendant plusieurs semaines, 253 cauchemars et 431 mauvais rêves. Les participants devaient rédiger leur description aussitôt après le réveil. L'équipe a ainsi transcrit des milliers de récits avant de les répertorier et en sélectionner certains pour les analyser. L'objectif était de mieux comprendre la différence entre mauvais rêves et cauchemars.
Cauchemar ou mauvais rêve ? Il ressort de leur analyse que cauchemars et mauvais rêves peuvent être définis en fonction d'un niveau de gravité mais que globalement, rêves, mauvais rêves et cauchemars semblent, selon les récits analysés, procéder du même processus affectif et neurocognitif, un processus qui conserve néanmoins son mystère.
Ainsi, les cauchemars portent le plus souvent sur les agressions physiques, les menaces, la mort.
Les mauvais rêves, plutôt sur des conflits interpersonnels. Les cauchemars ont une portée affective plus importante que les mauvais rêves.
La peur est absente de la plupart des scénarios de mauvais rêves et du tiers des cauchemars. « On ressent plutôt de la tristesse, de la confusion, de la culpabilité, du dégoût.. », écrivent les auteurs.
Quels sont nos cauchemars les plus fréquents ?
· Être pourchassé est évoqué dans 7,6 % des mauvais rêves et cauchemars
· Être agressé physiquement, dont sexuellement, avec séquestration ou enlèvement, dans près d'un tiers (31,5 %) des récits.
· Les conflits interpersonnels reviennent dans 29,5 % des mauvais rêves : Cela peut prendre la forme d'insultes, d'humiliation, d'infidélités, de mensonge ou de discrimination…
· L'échec ou l'impuissance sont des sentiments mentionnés dans 17 % des mauvais rêves et cauchemars.
· Les préoccupations sur la santé et la mort occupent 12 % de nos rêves et cauchemars,
· l'appréhension et l'inquiétude sur un autre sujet, 11 %.
· Une « présence diabolique » est mentionnée dans 7 % des cas,
· accidents, catastrophes jusqu'aux invasions d'insectes sont d'autres exemples relevés.
Les hommes rêvent plus souvent aux désastres et aux catastrophes, que les femmes pus préoccupées par les conflits interpersonnels que par les agressions physiques.
s : Communiqué UdM Les agressions physiques sont des thèmes récurrents des cauchemars et Sleep Thematic and Content Analysis of Idiopathic Nightmares and Bad Dreams (Visuel © DURIS Guillaume – Fotolia.com)