« Pensez-vous que vous ne parviendrez jamais à vous rendormir ? ». Cette étude de la Georgia Health Sciences University révèle que perdre tout espoir de passer une bonne nuit de sommeil est un facteur de risque de suicide à part entière. Cauchemars, réveil fréquents, cette étude publiée dans Clinical Sleep Medicine, le journal de l'American Academy of Sleep Medicine, décrit comment la spirale de l'insomnie conduit à des pensées de plus en plus négatives.
L'insomnie et les cauchemars, qui vont souvent de pair, étaient déjà des facteurs connus de risque de suicide, mais à quel point ? Le Dr W. Vaughn McCall, président du Département de psychiatrie et de l'Université de Géorgie vient avec sa nouvelle étude confirmer ce lien et ajoute un nouveau facteur, l'espoir perdu de retrouver le sommeil, un facteur indépendant des autres. «Il s'avère que l'insomnie peut conduire à un type très spécifique de désespoir puissant prédicteur de suicide ».
Pensez-vous que vous ne parviendrez jamais à vous rendormir ? : Les scientifiques ont utilisé des tests psychométriques pour évaluer objectivement l'état mental de 50 patients âgés déprimés, âgés de 20 à 80 ans, suivis en milieu hospitalier. Plus de la moitié avaient tenté de se suicider et la plupart prenaient un antidépresseur. Ces tests ont permis aux chercheurs d'identifier les risques de suicide et d'affiner la relation entre l'insomnie et le risque de suicide, en posant des questions précises du type « Pensez-vous que vous ne parviendrez jamais à vous rendormir ? ».
C'est cette pensée dysfonctionnelle, négative sur le sommeil qui s'avère le facteur médiateur expliquant pourquoi l'insomnie est liée au suicide, explique le Pr McCall. Il constate, durant son suivi, une spirale de l'insomnie avec des pensées de plus en plus négatives et irréalistes, le patient venant à penser que son système immunitaire est irrévocablement endommagé. Le symptôme de l'insomnie, double, selon son étude, le risque de pensées suicidaires.
Si les conclusions venaient à être confirmées dans de plus larges études, il s'agirait de contrer ce facteur de risque par des thérapies médicamenteuses et des interventions psychologiques. C'est aussi un rappel pour les médecins qui reçoivent des patients déprimés qui signalent des problèmes de sommeil accrus.
Il existe un mode de prise en charge : Le Pr McCall recommande aux médecins de se montrer fortement en désaccord, et d'indiquer au patient qu'il n'existe aucune preuve scientifique justifiant de telles pensées, mais, qu'en revanche il y a des moyens « d'en sortir ». «Les gens ont le choix». Certaines recommandations peuvent aider à inverser cette spirale épuisante et potentiellement mortelle, comme, recommander de:
· Se réveiller chaque jour à la même heure chaque jour, quelle que soit l'heure du coucher,
· ne pas se coucher avant de se sentir fatigué,
· éviter la caféine dont l'effet perdure jusqu'à 15 heures, mais aussi les boissons alcoolisées et les cigarettes,
· faire un peu d'exercice 4 heures avant d'aller se coucher,
· prendre le temps de digérer avant d'aller au lit.
Source: Clinical Sleep Medicine doi.org/10.5664/jcsm.2408 Nightmares and Dysfunctional Beliefs about Sleep Mediate the Effect of Insomnia Symptoms on Suicidal Ideation (Visuel