Un sommeil perturbé peut expliquer en partie l'essoufflement dans le COVID long, souligne cette équipe des Universités de Manchester et de Leicester, qui présente ces données lors du Congrès ECCMID 2023 de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses. L’étude publiée dans le Lancet Respiratory Medicine, révèle que 62% des participants admis à l'hôpital pour COVID-19, souffrent de troubles sévères du sommeil, qui persistent pendant au moins 12 mois. L’analyse met en évidence pour la première fois l'association entre 2 signes majeurs de COVID long : l’essoufflement et les troubles du sommeil.
L'étude est menée auprès de patients suivis dans 38 établissements du Royaume-Uni participant à l'étude PHOSP-COVID entre mars 2020 et octobre 2021. PHOSP-COVID est un programme d’étude à l’échelle du Royaume-Uni, qui étudie les résultats de santé à long terme des patients hospitalisés avec COVID-19. La qualité du sommeil a été évaluée à l'aide de mesures subjectives qui ont été autodéclarées par 638 patients. Chez 729 autres participants équipés de trackers d’activité, le sommeil a pu être évalué de manière objective, en fonction des niveaux d'activité nocturne. L’analyse des 2 mesures révèle :
- une prévalence plus élevée de troubles du sommeil chez les personnes hospitalisées avec COVID-19 vs témoins appariés de la UK Biobank hospitalisés pour d’autres causes ;
- l'impact sur le sommeil du COVID-19 est dépendant de l'admission en soins intensifs, l’admission en USI traduisant une plus grande sévérité de la maladie ;
- si les participants hospitalisés avec COVID-19 ont dormi plus d'une heure de plus, leurs habitudes de sommeil sont erratiques (diminution de 19 % sur l'échelle de régularité du sommeil), notamment en comparaison des témoins appariés hospitalisés pour d’autres causes ;
- ces mêmes patients hospitalisés souffrant de troubles du sommeil, présentent d’autres symptômes courants comme l’anxiété et la faiblesse musculaire.
L'analyse, au-delà de ces symptômes déjà décrits par de précédentes études, identifie, via un modèle statistique,
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que les perturbations du sommeil provoquent directement l'essoufflement,
mais que la réduction de la fonction musculaire et l'augmentation de l'anxiété, deux causes reconnues d'essoufflement, sont également en cause dans cette association. Cette conclusion a une implication majeure pour la prise en charge de ces patients, traiter les troubles du sommeil en réduisant l'anxiété et en améliorant leur santé musculaire.
Si des recherches plus approfondies restent nécessaires, ce signe d’essoufflement ne doit donc pas être pris à la légère et être le résultat de troubles du sommeil, en association avec une perte de fonction musculaire et une anxiété.
« Si tel est le cas, des interventions ciblant la mauvaise qualité du sommeil pourraient être efficaces à gérer les symptômes et la récupération, après une hospitalisation pour COVID-19, avec à la clé une amélioration des résultats pour les patients ».
Enfin, concluent les chercheurs, ces symptômes sont susceptibles de persister pendant au moins 12 mois.
Source: The Lancet Respiratory Medicine April 15, 2023 DOI : 10.1016/S2213-2600(23)00124-8 Effects of sleep disturbance on dyspnoea and impaired lung function following hospital admission due to COVID-19 in the UK: a prospective multicentre cohort study
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