Si le sommeil a tendance à passer après d’autres facteurs de mode de vie sain, cette étude réaffirme ce facteur comme tout aussi primordial pour la santé, notamment parce qu’une bonne nuit de sommeil peut aussi favoriser l’adhésion à des objectifs d'exercice et de régime alimentaire. Ces conclusions présentées lors de la Réunion scientifique de l’American Heart Association (AHA) Epidemiology, Prevention & Cardiometabolic Health montrent que les personnes qui ont de meilleures habitudes de sommeil sont plus susceptibles, au cours d’un programme de perte de poids, de suivre les consignes d’apport calorique et d'exercice, que leurs pairs qui ont un moins bon sommeil.
L’analyse du sommeil de ces participants qui a pris en compte les données de régularité, de satisfaction, de vigilance, d’horaires, d’efficacité et de durée montre également le sommeil est une variable complexe dont chaque caractéristique doit être prise en compte par le public. Dans ce programme, les participants qui avaient un sommeil régulier et ininterrompu ont mieux réussi à respecter les objectifs d'exercice et de régime.
Des conclusions qui suggèrent que même sans objectif de perte de poids, le facteur sommeil a une incidence sur les facteurs exercice et alimentation.
« Se concentrer d'abord sur de bonnes habitudes de sommeil
peut ainsi avoir un effet synergique avec les autres facteurs d’un mode de vie sain.
Dormir 7 à 9 heures par nuit avec des heures d’endormissement et de réveil régulières permet de se sentir reposé au réveil et alerte tout au long de la journée, ce qui permet « d’observer » ensuite les objectifs d'activité physique et de régime alimentaire », résume l’auteur principal, le Dr Christopher. E. Kline, professeur agrégé de développement humain à l'Université de Pittsburgh.
La même équipe avait déjà rapporté que de meilleures habitudes de sommeil sont associées à une perte de poids corporel et de graisse significativement plus importante chez les participants à un programme de perte de poids d’une année.
La nouvelle étude a examiné si un bon sommeil était lié à l’observance des différentes modifications de mode de vie prescrites dans un programme de perte de poids de 12 mois. 125 adultes participaient à ce programme, répondant aux critères de surpoids ou d'obésité (indice de masse corporelle de 27 à 44), exempts de toute autre comorbidité, mais nécessitant une surveillance médicale de leur alimentation et de leur pratique d’activité physique.
Leurs habitudes de sommeil ont été renseignées à l’inclusion, puis à 6 mois et à 12 mois, à l'aide de questionnaires, d'un journal de sommeil et d’un moniteur porté au poignet durant 7 jours qui enregistrait le sommeil, l'activité et le repos diurne. Ces mesures ont été utilisées pour attribuer à chaque participant un score de sommeil basé sur 6 mesures :
- régularité ;
- satisfaction;
- vigilance;
- horaires ;
- efficacité ;
- durée.
L'adhésion au programme de perte de poids a été évaluée, que ce soit quant à la pratique conseillée d’activité physique ou les apports alimentaires.
Après ajustement des scores de sommeil en fonction de l'âge, du sexe, de l’origine ethnique et de la présence ou non d'un partenaire partageant le lit, l’analyse conclut que :
- une meilleure « santé du sommeil » est associée à des taux plus élevés d’observance des séances de groupe, des objectifs d'apport calorique et de pratique de l’activité ;
- les participants ont assisté à 79 % des séances de groupe au cours des 6 premiers mois et à 62 % des séances de groupe au cours des 6 mois suivants ;
- les participants ont atteint leurs objectifs d'apport calorique quotidien 36 % des jours au cours des 6 premiers mois et 21 % au cours des 6 mois suivants ;
- les participants ont augmenté leur temps quotidien total consacré à une activité modérée à vigoureuse de 8,7 minutes au cours des 6 premiers mois, mais l’ont diminué de 3,7 minutes au cours des 6 mois suivants ;
- cette moindre participation aux séances de groupe et une moindre observance de l'apport calorique et du temps consacré à l’activité étaient attendues, au fil du temps ;
- une association entre de meilleurs scores de sommeil et une augmentation de l'activité physique est observée, cependant à des niveaux non statistiquement significatifs.
Cependant, la tendance est bien là concluent les chercheurs : « Bien que nous ne soyons pas intervenus sur la santé du sommeil dans cette étude, les résultats suggèrent que l'optimisation du sommeil peut favoriser une meilleure adhésion aux modifications du mode de vie ».
On l’a compris, ces résultats devront être validés par des études d’intervention plus larges, menées auprès de groupes de populations plus divers. L’objectif étant de s’assurer qu’il est possible d’augmenter l'adhésion aux autres facteurs de mode de vie sain, voire le succès d’un programme de perte de poids en améliorant le sommeil des patients.
Améliorer son sommeil est réalisable par « tout le monde », suggèrent enfin les auteurs. Le sommeil a été ajouté en 2022 comme facteur fondamental du mode de vie et de la santé cardiovasculaire, par l’AHA, et dans son échelle « Life's Essential 8 ».
Consommer des aliments sains, être physiquement actif, ne pas fumer, dormir suffisamment, maintenir un poids santé et contrôler son cholestérol, sa glycémie et sa tension artérielle sont autant de facteurs essentiels de réduction du risque cardiovasculaire.
Enfin, si cette recherche n’est pas « statistiquement » concluante, il existe plus de 100 études établissant un lien entre le sommeil, la prise de poids et l'obésité. « Des études comme celle-ci montrent vraiment que tous ces facteurs sont liés et que parfois le sommeil est le facteur dont nous pouvons commencer à prendre le contrôle et qui peut aider à ouvrir d'autres voies vers une meilleure santé ».
Source: American Heart Association (AHA) Epidemiology, Prevention, Lifestyle & Cardiometabolic Health Scientific Sessions 2023, Abstract 472 3 March, 2023 A good night’s sleep may make it easier to stick to exercise and diet goals, study found