Plusieurs études ont démontré le lien entre l’obésité et le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS), ainsi qu’entre la perte de poids et la réduction des symptômes d’apnée. Cette nouvelle recherche de la Penn Medicine montre qu'au niveau de la langue aussi, la perte de graisse réduit la sévérité de l'apnée. Ces conclusions, originales, présentées dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, suggèrent que la graisse de la langue est une nouvelle cible thérapeutique possible. Mais il reste à voir comment la réduire…
La prévalence de l'apnée du sommeil, comme celle des autres troubles du sommeil est en augmentation dans le monde, notamment en raison de la progression de son principal facteur de risque, l’obésité. La condition est caractérisée par un ronflement intense et peut augmenter le risque d'hypertension artérielle (HTA) et d'accident vasculaire cérébral (AVC). Son traitement standard, le traitement par CPAP (Continuous Positive Airway Pressure) permet de réduire l'apnée chez environ 75% des patients, mais 25% des patients traités ont une mauvaise tolérance du dispositif. Des dispositifs buccaux ou une chirurgie des voies respiratoires peuvent également constituer des alternatives. Cependant, la perte de poids, chez les personnes atteintes d’obésité reste sans doute le traitement le plus efficace contre l’apnée.
Perdre du poids, sur la langue aussi
Perdre du poids est un traitement efficace du SAOS cependant les mécanismes pouvant expliquer cette association ne sont pas clairs. L’équipe de la Perelman School of Medicine de l'Université de Pennsylvanie décrypte, en utilisant l'imagerie par résonance magnétique (IRM), comment la réduction des graisses dans une partie du corps inattendue, la langue, contribue à cette diminution des symptômes d’apnée. L’auteur principal, le Dr Richard Schwab explique que « la plupart des cliniciens, et même les experts du sommeil ne se sont jamais concentrés sur l’accumulation de la graisse dans la langue ».
Une précédente étude menée par la même équipe avait montré que les personnes souffrant d’apnée avaient des langues beaucoup plus grandes et lourdes et un pourcentage de masse graisseuse plus élevé, que les personnes exemptes d’apnée du sommeil.
La réduction du volume de graisse au niveau de la langue explique une grande partie des bénéfices de la perte de poids sur la réduction de l'apnée : Dans cette nouvelle étude, l’équipe a mesuré, par IRM, l'effet de la perte de poids sur les voies respiratoires supérieures chez 67 patients obèses (IMC>30), souffrant d'apnée obstructive du sommeil légère à sévère. Grâce à un régime ou à une chirurgie de perte de poids, les patients ont perdu près de 10% de leur poids corporel, en moyenne, sur 6 mois. Dans l'ensemble, les scores d'apnée du sommeil des participants se sont améliorés de 31% après l'intervention de perte de poids. Avant et après l'intervention de perte de poids, les participants à l'étude ont subi une IRM à la fois de leur pharynx et sur leur abdomen. L'équipe a donc pu calculer les réductions des volumes des structures des voies aériennes supérieures. Elle constate alors que :
- la réduction du volume de graisse dans la langue était le principal lien entre la perte de poids et l'amélioration de l'apnée du sommeil ;
- la perte de poids entraîne une réduction des volumes du muscle ptérygoïdien (qui contrôle la mastication) et de la paroi latérale pharyngée (muscles des côtés des voies respiratoires) : ces 2 changements ont également participé à la réduction de l'apnée, mais dans une moindre mesure.
La graisse de la langue, une nouvelle cible thérapeutique ? On ne voit pas vraiment comment pour le moment, mais de futures études vont explorer si certains régimes allégés en graisse sont meilleurs que d'autres pour réduire la graisse de la langue…
« Maintenant que nous savons que la graisse de la langue est un facteur de risque et que l'apnée du sommeil s'améliore lorsque la graisse de la langue est réduite, nous devons travailler aux moyens d’atteindre cette cible thérapeutique unique ».
Source: American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine January 10, 2020 DOI : 10.1164/rccm.201903-0692OC Effect of Weight Loss on Upper Airway Anatomy and the Apnea Hypopnea Index: The Importance of Tongue Fat
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