Une thérapie chronique par opioïdes peut perturber le sommeil et augmenter le risque de troubles du sommeil, conclut cette analyse de l'American Academy of Sleep Medicine. Alors que la consommation d’opioïdes explose, avec les effets de dépendance que l’on connaît, les professionnels de la santé doivent être conscients de ces effets perturbateurs sur le sommeil, du risque de troubles respiratoires du sommeil, mais aussi d’un effet curieusement bénéfique : le traitement par opioïdes peut constituer une option efficace pour les patients atteints du syndrome des jambes sans repos (SJS), un autre trouble du sommeil. C’est à lire dans le Journal of Clinical Sleep Medicine.
La consommation d'opioïdes a explosé au cours de la dernière décennie : les chercheurs estiment qu’aux seuls Etats-Unis, près de 92 millions de personnes ont déjà pris des opioïdes sur prescription et 11,5 millions de personnes en ont fait un mauvais usage. L’étude insiste à la fois sur les risques déjà documentés de dépendance et d’abus mais aussi sur les modifications associées de l’architecture du sommeil et sur le risque accru de dépression respiratoire pendant le sommeil.
Sensibiliser les professionnels de santé aux événements indésirables associés au traitement chronique par opioïdes
Le Dr R. Nisha Aurora, professeur agrégé à la Rutgers Robert Wood Johnson Medical School (New Jersey) et co-auteur de l’étude souligne ainsi la nécessité de reconnaître et de diagnostiquer les troubles respiratoires liés au sommeil, fréquemment observés lors de l'utilisation chronique d'opioïdes. Il est clair que les patients souffrant de douleur chronique souffrent souvent de fatigue et de troubles du sommeil.
- une thérapie chronique par opioïdes perturbe le sommeil, réduit son efficacité et réduit la phase de sommeil profond à mouvement oculaire rapide ;
- la dépression respiratoire est un autre effet bien documenté de l'utilisation chronique d'opioïdes : ces médicaments augmentent globalement le risque de troubles respiratoires liés au sommeil, l'hypoventilation liée au sommeil et l'apnée obstructive du sommeil. Non traités, ces troubles respiratoires liés au sommeil peuvent nuire gravement à la santé du patient. Les auteurs rappellent donc l’importance de les diagnostiquer et de les traiter et l'efficacité de la thérapie par pression positive continue.
Douleur, sommeil et thérapie par opioïdes, une relation complexe : la thérapie chronique par opioïdes devrait impliquer une collaboration étroite entre les spécialistes de la douleur, les médecins du sommeil et les médecins en soins primaires pour minimiser les complications associées à une thérapie chronique.
Une exception notable : si cette analyse insiste principalement sur ce risque de perturbation du sommeil, associé aux opioïdes utilisés de manière chronique, elle relève une exception surprenante : la thérapie peut en effet constituer une option efficace pour les patients atteints du syndrome des jambes sans repos, un trouble du sommeil aussi. En effet, un grand nombre de patients atteints du syndrome des jambes sans repos sont réfractaires aux traitements standards et ils pourraient trouver un soulagement significatif en utilisant des médicaments opioïdes – mais à des doses bien inférieures à celles utilisées pour traiter la douleur chronique.
Source: Journal of Clinical Sleep Medicine Nov, 2019 DOI : 10.5664/jcsm.8062 Chronic Opioid Therapy and Sleep: An American Academy of Sleep Medicine Position Statement
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