Pour la première fois, des neuroscientifiques de l'Université de Californie, Berkeley, identifient un lien entre les troubles du sommeil, la perte de mémoire et la détérioration du cerveau liée à l’âge. Leurs conclusions, publiées dans l’édition du 27 janvier de la revue Nature Neuroscience confirment l’intérêt thérapeutique d’améliorer la qualité du sommeil chez les personnes âgées pour maintenir la mémoire. Stimuler un sommeil profond pourrait même restaurer la mémoire.
Ces scientifiques de Berkeley montrent que les ondes cérébrales lentes générées pendant le sommeil profond et réparateur jouent un rôle clé dans le transfert de souvenirs de l'hippocampe qui les stocke à court terme au cortex préfrontal qui les mémorise à plus long terme. Cependant, chez les personnes âgées, les souvenirs peuvent « rester coincés » dans l'hippocampe, sont remplacés par de nouveaux souvenirs et n'atteignent jamais le cortex préfrontal.
Les chercheurs ont évalué la mémoire des 18 jeunes adultes en bonne santé âgés d'une vingtaine d'années et de 15 adultes en bonne santé âgés de 70 ans après une nuit de sommeil complète. Avant d'aller se coucher, les participants devaient apprendre 120 ensembles de mots à mémoriser. Durant leur sommeil, un électroencéphalogramme (EEG) mesurait leur activité cérébrale. Le lendemain matin, les participants ont été interrogés sur les groupes de mots sous imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Les auteurs constatent, chez les personnes âgées, un lien entre le degré de détérioration du cerveau dans le lobe frontal et la sévérité des troubles du sommeil à ondes lentes. En moyenne, la qualité du sommeil profond est de 75% inférieure à celui des participants plus jeunes, et leur mémorisation au réveil inférieure de 55%. Car chez les jeunes adultes, les scans du cerveau montrent que le sommeil profond a efficacement contribué au stockage à long terme des données dans le cortex préfrontal.
Une voie dysfonctionnelle dans le cerveau explique cette relation entre la détérioration du cerveau, les troubles du sommeil et la perte de mémoire avec l'âge. Le chercheur Matthew Walker, professeur agrégé de psychologie et de neurosciences à Berkeley explique : « Jeunes, nous avons un sommeil profond qui aide le cerveau à conserver l'information, avec l'âge, la qualité de notre sommeil se détériore et empêche ces souvenirs d'être sauvegardés par le cerveau durant la nuit ». Alors que les ondes lentes sont générées par le milieu du cerveau lobe frontal, la détérioration de la région frontale du cerveau chez les personnes âgées explique l'incapacité à générer un sommeil profond. La découverte que les ondes lentes du cerveau frontal contribuent à renforcer la mémoire ouvre la voie à de nouvelles thérapies de la perte de mémoire chez les personnes âgées, par stimulation transcrânienne par exemple.
« Relancer » le sommeil à ondes lentes, est-ce possible ? Cela pourrait-il aider les personnes âgées à se souvenir de leurs vies? C'est une hypothèse très intéressante, conclut l'un des auteurs de l'étude.
Source: Nature Neuroscience doi:10.1038/nn.3324 online 27 January 2013 Prefrontal atrophy, disrupted NREM slow waves and impaired hippocampal-dependent memory in aging
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