Différentes études le suggéraient déjà, les perturbations de l'horloge biologique ou du cycle naturel jour-nuit, augmentent le risque de cancer du sein. Les conclusions de cette méta-analyse de l'Université de Géorgie, présentées dans les International Archives of Occupational and Environmental Health précisent pour la première fois l’impact des différentes sources de « perturbation » sur l’augmentation du risque de cancer.
Cet examen de la littérature, ayant pour objectif d'évaluer quantitativement les effets combinés et indépendants de l'exposition aux différentes sources de perturbation du rythme circadien sur le risque de cancer du sein chez les femmes implique à nouveau principalement la lumière artificielle. Les chercheurs ont sélectionné, dans la base PubMed, 28 études, 15 sur le travail posté, 7 sur une courte durée de sommeil, 3 impliquant des personnels navigants, et 6 portant sur l'exposition à la lumière artificielle. Ils ont ensuite consolidés les taux de risque (RR) et évalué la relation dose-réponse entre chaque facteur et le risque de développer un cancer du sein.
Le travail par quarts, les emplois de nuit ou avec décalages horaires, et l'exposition à la lumière la nuit, toutes ces causes possibles de perturbation du rythme circadien sont ici associées au risque de cancer du sein. En effet, l'analyse combinée suggère :
· une association significative positive entre la perturbation du rythme circadien et le risque de cancer du sein (RR : 1,14),
· une augmentation de 10% du risque de développer un cancer du sein en cas de travail posté (RR : 1,19)
· de 12% avec une exposition régulière à la lumière artificielle durant la nuit (RR : 1.12)
· de 56% lorsqu'on travaille comme personnel navigant (RR : 1,56),
· une absence d'association significative en cas de sommeil de courte durée (RR : 0,96, de 0,86 à 1,06).
L'analyse dose-réponse montre que,
· chaque augmentation de 10 années de travail posté est associée à une augmentation de 16% du risque de cancer du sein.
· Aucun effet dose-réponse significatifs n'est identifié en cas d'exposition à la lumière artificielle ou avec l'insuffisance de sommeil.
Toute perturbation du rythme circadien est ainsi associée à un risque accru de cancer du sein et de manière plus ou moins significative selon sa source. Toujours en cause, la mélatonine, qui aide à réguler le rythme circadien. Lorsque le cycle veille-sommeil est perturbé par la lumière artificielle, la sécrétion de mélatonine est affectée. L'accent est ainsi mis sur le risque associé à l'exposition à la lumière artificielle, car, si ce n'est pas la source facteur la plus influente sur le risque, c'est à l'évidence la plus répandue. Le conseil des chercheurs est simple et s'adresse tout particulièrement aux jeunes femmes : Pour réduire cette exposition, évitez de travailler ou de rester sur écran la nuit et mettez-vous plus tôt au lit !
Si d'autres études prospectives restent nécessaires pour confirmer ces relations, ces premiers résultats montrent « le mal à perturber notre cycle naturel».
Source: International Archives of Occupational and Environmental Health 27 Sep 2014 DOI DOI10.1007/s00420-014-0986-x Circadian disrupting exposures and breast cancer risk: a meta-analysis
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