C'est la première étude à démontrer la relation entre une mauvaise qualité du sommeil indépendante de l'apnée du sommeil, et un risque plus élevé de fibrillation auriculaire. Des données présentées dans la revue HeartRhythm qui apportent la preuve convaincante que le sommeil est un facteur indépendant et déterminant de la régularité du rythme cardiaque.
La fibrillation auriculaire (FA) est une fréquence cardiaque irrégulière et rapide qui peut causer des symptômes tels que des palpitations cardiaques, de la fatigue et de l'essoufflement. La FA peut réduire considérablement la qualité de vie et est associée à un risque accru d'accident vasculaire cérébral (AVC), de démence, de crise cardiaque, de maladie rénale et de décès. Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) a été établie comme un facteur de risque de FA, mais le mécanisme n'est pas clair. Les épisodes de respiration anormalement lente ou superficielle (hypopnée) pourraient provoquer un stress cardiopulmonaire, induire une inflammation et contribuer à la maladie cardiovasculaire.
Enfin, certaines caractéristiques d’un mauvais sommeil dont une durée insuffisante ou la privation, une efficacité réduite ou un sommeil peu réparateur, une structure anormale des différentes phases de sommeil, ont déjà été documentées comme associées à la maladie cardiovasculaire.
Bref, si la relation entre l'apnée et la FA a déjà été démontrée, l'effet du sommeil lui-même sur le risque de FA reste peu connu et compris, explique l’auteur principal, le Dr Gregory M. Marcus, du Service de cardiologie de l’Université de Californie, San Francisco : « Les stratégies visant à améliorer la qualité du sommeil sont différentes des thérapies de l’apnée, il est donc important de comprendre la relation entre le sommeil lui-même et la FA ». L’équipe a combiné 4 études pour répondre à la question :
- l'étude mondiale Health eHeart : cette étude conclut que les personnes ayant des réveils nocturnes plus fréquents présentent plus fréquemment aussi un risque de FA ;
- l'étude de cohorte NIH-funded Cardiovascular Health Study constate que les personnes qui signalent des réveils nocturnes plus fréquents présentent un risque plus élevé de FA avant et après ajustement pour les facteurs de confusion possibles ;
- une autre analyse menée sur un sous-ensemble de ces personnes à réveils fréquents montrent que moins de sommeil paradoxal prédit le risque de FA ;
- enfin, le California Healthcare Cost and Utilization Project (HCUP) montre que les patients ayant des difficultés de sommeil ou présentant une insomnie ont également un risque plus élevé de FA.
La qualité du sommeil est importante pour la santé cardiovasculaire et spécifiquement pour la FA. Les chercheurs précisent ici l’absence de preuves, en revanche, d’un impact de la durée du sommeil sur le risque de FA. En revanche, la perturbation du sommeil est un facteur de risque important. Si les mécanismes sous-jacents à ces effets restent à comprendre et à préciser, ces premières conclusions suggèrent des interventions sur le sommeil pour réduire les risques de FA -ou ses symptômes chez les patients déjà atteints.
« Bien qu'il existe plusieurs traitements disponibles pour la FA, la prévention de la maladie reste l’idéal et la bonne nouvelle est qu’en optimisant la qualité du sommeil, il serait possible de réduire le risque. D’autres facteurs de mode de vie peuvent également contribuer à sa prévention, dont la pratique de l'exercice, des habitudes de sommeil régulières, l’évitement de la caféine tard dans la journée… ».
Source: HeartRhythm June 2018 DOI : 10.1016/j.hrthm.2018.05.008 Sleep characteristics that predict atrial fibrillation
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